La connaître, c'est l'aimer — Renée Saccard
👰 Épouse bafouée, amoureuse de son beau-fils, torturée par des sentiments complexes et contradictoires, aujourd’hui on vous présente Renée, la protagoniste féminine clé de La Curée, d’Émile Zola.
🥀 Tout commence mal pour cette femme. Violée par un homme plus âgé qu’elle alors qu’elle sort à peine de l’adolescence, mise enceinte par lui, sa famille décide de la marier pour sauver les apparences. Elle accouche d’un mort-né et se marie à un homme qui n’en a que pour son argent (et qui s’en servira pour spéculer).
💔 Jamais, dans le roman, n’est évoqué ce traumatisme originel chez Renée, mais il nous semble que de cet événement découle tout le reste de sa vie. Nous sommes des siècles avant #MeToo : ce genre d’événement est bien trop récurrent et avant l’empathie, la reconstruction, on pense d’abord à sauver les apparences. Cette femme déshonorée, souillée, puis vendue, ne croit plus en rien. Et on la comprend.
🎭 Son mariage ne sera pas meilleur. Délaissée par son époux qui s’enrichit toujours plus vite grâce à la spéculation immobilière (et à son argent), elle se noie dans la haute société parisienne et s’adonne aux aventures amoureuses sans lendemain et aux mondanités pour tuer l’ennui.
🖤 Le tragique, dans la vie de Renée, nouvelle Phèdre selon les mots même de son auteur, se manifestera par la liaison quasi-incestueuse qu’elle noue avec le fils de son mari, Maxime. Leur relation se caractérisera, au-delà de l’aspect interdit, par l’inversion des genres : dans le langage même de Zola, elle est l’homme, il est la femme. Elle se raccrochera à cet amour, à ses dépens.
Une amie nous disait un jour de Renée que, même si elle avait commis l’irréparable, “on la comprend.” Ainsi est le génie des grands auteurs.